Interview d’Audrey Dauxais, famille d’accueil de Rumba
Depuis combien de temps êtes-vous famille d’accueil et combien de chiens avez-vous accueillis ?
Cela fait 7 ans que je suis famille d’accueil et nous avons accueilli 6 chiens.
Quand Rumba est-elle arrivée chez vous ?
J’ai eu Rumba au mois de juillet. C’est un peu particulier car elle était dans une première famille dans laquelle elle n’est restée qu’un mois et demi, puis ensuite elle m’a été remise. Elle a maintenant 11 mois et c’est une super chienne.
Quelles sont les raisons qui vous ont poussée à devenir famille d'accueil bénévole ?
Elles sont multiples. Pendant plusieurs années j’ai travaillé dans une ONG et j’ai préféré en partir car j’appréciais peu l’envers du décor. Désirant toujours œuvrer pour une bonne cause, j’ai souhaité offrir de mon temps plutôt que de mon argent. Là, deux facteurs sont intervenus dans mon choix : je travaille dans le monde de l’art et pour moi la vue c’est primordial pour exercer et d’autre part j’ai grandi en province, entourée de chiens. Par le hasard des rencontres de la vie, alors que je cherchais toujours pour quelle cause m’engager, un jour j’ai fait la connaissance de personnes qui étaient famille d’accueil et là j’ai tout de suite su où m’engager. Mon amour pour les chiens et la cause de la cécité, c’était un peu le combo gagnant pour que je m’engage.

Pouvez-vous expliquer vos missions et votre rôle ?
La première mission c’est de familiariser le chien avec l’ensemble des situations auxquelles il sera confronté plus tard dans l’environnement urbain : la circulation, les espaces de vie et de détente, les restaurants, les cinémas, les bars… enfin, toutes les situations de la vie pour que le chien soit un peu « tout terrain » et soit toujours en mesure de guider son maître sereinement.
La seconde c’est d’en faire un chien qui acquiert les premières bases de l’éducation qui va permettre ensuite aux éducateurs d’évaluer les potentiels du chien : voir s’il est apte à travailler, à être concentré, à recevoir des instructions, à aller plus loin dans le processus, à répondre à des commandes de base pour avoir un chien obéissant et habitué à ce qu’on le sollicite. En fonction des expériences, du nombre de chiens, on va aller parfois plus loin dans la mission qu’à d’autres moments.
La troisième mission selon moi c’est de sensibiliser l’environnement humain à la cause de l’acceptation du chien guide dans les lieux publics. En tant que famille d’accueil, on est confronté à cela tout le temps. Je considère qu’un endroit où on me refuse avec un élève chien guide alors que je suis voyante, cela veut dire qu’une personne déficiente visuelle se verra également refuser l’accès. Un chien en formation a les mêmes droits qu’un chien guide certifié.
Que vous apporte ce bénévolat au quotidien ?
La satisfaction de faire quelque chose d’utile, quelque chose qui ne soit pas motivé que par l’argent, l’impression de ne pas passer ma vie à travailler uniquement pour moi, mais me dire que je fais quelque chose qui peut aider quelqu’un. Et puis avoir un petit chien avec soi c’est un petit plus, c’est chouette. Aller absolument partout avec son chien c’est quand même une situation que nous envient tous les propriétaires de chiens, c’est une petite satisfaction !
Pourquoi vous orienter vers l’Ecole de Chiens Guides de Paris ?
Tout simplement parce que la famille d’accueil que j’ai rencontrée il y a 7 ans m’en a donné les coordonnées. Aussi, humainement, je me suis tout de suite très bien entendue avec les éducateurs et il y a une éthique dans la manière d’éduquer les chiens que j’aime beaucoup alors je n’ai pas cherché à m’orienter vers une autre école.
Un souvenir ou un évènement qui vous a marquée ?
Chaque chien a un caractère très différent et je ne soupçonnais pas que je pouvais créer un lien si fort et pourtant si différent et tout aussi important avec chaque chien. L’amour qu’on peut leur donner est aussi grand que le nombre de chiens qu’on peut nous confier. On a des chiens pendant un an et ce qui est fort c’est que chaque chien cristallise un moment de nos vies personnelles et c’est un marqueur du temps. La plus grande fierté c’est quand il devient chien guide ou chien d’assistance (lorsqu’il a été réorienté vers une autre mission). La première fois qu’on est confronté à rendre le chien c’est difficile comme expérience, malgré tout. Le côté moins positif c’est d’être confronté à la bêtise des gens quand je dois batailler et faire accepter le chien guide quelque part. Je n’avais pas conscience à quel point la France avait un retard sur l’acceptation du chien guide dans les lieux publics.