Interview de Sylvain Pamart, famille relais
Depuis combien de temps êtes-vous engagé en tant que famille relais ? Combien de chiens avez-vous eu ?
En 3 ans de bénévolat, j’ai eu une vingtaine de chiens. Cet été, j’ai eu de plus la chance d’avoir avec moi quelques jours Shadow, le caniche royal de l’école et quelques semaines Rafale, labrador noir, avec lequel je suis parti en week-end. Ils sont adorables et j’ai passé de bons moments avec chacun d’eux.
Le chien qui m’a le plus marqué, c’est incontestablement Oban, un beau Flat Coated couleur caramel que j’ai d’ailleurs eu le plus longtemps en relais. C’est un chien remarquable et magnifique, son caractère bien affirmé m’a donné du fil à retordre, mais j’en garde un souvenir émouvant !
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à devenir bénévole/Famille relais ?
J’avais envie de m’investir dans un bénévolat animal, je me suis d’abord tourné vers la SPA, mais c’est un processus long et compliqué dû aux nombreuses demandes. Des amis m’ont ensuite parlé de l’École de Chiens Guides de Paris et… j’ai été instantanément emballé ! Pouvoir prendre de futurs chiens guides avec soi c’est instructif et motivant !
Cela m’a également ouvert à la cause de la cécité et permis de tisser des liens avec les maîtres déficients visuels dont j’avais eu les chiens en relais. J’ai commencé à faire quelques détentes individuelles avec eux et j’ai découvert des personnes formidables ! Ces moments d’échange sont puissants et positifs pour tout le monde. Aujourd’hui, je me rends mieux compte de la réalité de ces personnes. Pour un novice, il est facile d’imaginer les difficultés immédiates liées à ce handicap, mais on a du mal à comprendre l’impact social et professionnel que cela entraîne...
Pouvez-vous expliquer vos missions et votre rôle ?
Concrètement, je garde des chiens sur des périodes courtes allant de quelques jours à quelques mois, soit parce que la famille d’accueil est en vacances ou pour changer le chien de cadre de vie. Ma mission comporte également une partie accompagnement du chiot dans son apprentissage. Les monitrices nous remettent une fiche avec le profil du chiot, résultat de leurs observations et de celles de la famille d’accueil, pour perpétuer le travail déjà mis en place, comme la marche en laisse par exemple. Je communique beaucoup avec l’École en leur transmettant mes observations sur les comportements du chiot que j’ai pu observer durant la période où je l’ai gardé : développe-t-il une forte attirance pour ses congénères ? A-t-il été propre ? Se met-il à aboyer ? Plus je donne d’informations, plus il sera aisé pour la famille d’accueil et les monitrices d’adapter leur travail à la personnalité du chien.
Que vous apporte ce bénévolat au quotidien ?
J’adore ça ! Je suis toujours très heureux quand j’apprends que j’ai un relais ! J’aime la relation qu’on développe avec les chiens. Ils ont un haut niveau d’écoute et une forte envie de travailler qu’on ne retrouve pas avec tous les toutous ! C’est marrant de voir les différents caractères et manies qu’ils ont et chacun à sa manière nous apprend quelque chose.
C’est aussi très instructif au quotidien. Toutes les erreurs que l’on peut faire au début sont corrigées au fur et à mesure, car on nous forme sur les bonnes méthodes, les bons gestes à adopter et l’éducation positive, c’est hyper enrichissant ! Je sais que le jour où j’aurais envie d’avoir un chien à moi, tout ce qu’on m’a appris ici me servira.
Quelles sont vos relations avec l’Ecole de Chiens Guides de Paris ?
Dès le début de mon bénévolat, tous les contacts que j’ai eus avec l’École étaient très positifs et je n’ai pas eu envie de regarder ailleurs. L’an dernier, la situation sanitaire a rendu les choses compliquées, mais l’École était et reste toujours présente et à l’écoute, c’est agréable.
Lorsque j’appelle pour parler de certaines difficultés rencontrées avec les chiens, on me propose immédiatement un rendez-vous à l’École pour travailler dessus. J’ai toujours été très bien accompagné et je ne me sens jamais seul.
Un souvenir ou un évènement qui vous a marqué ?
C’était avec Oban, mon premier chien avec un caractère fort ! Il a été un vrai challenge pour moi et une des difficultés majeures était de corriger son attirance pour l'eau, les chiens guides devant attendre l’autorisation de leur maître pour aller se baigner. En détente, Oban était prêt à courir sur 500 mètres pour se jeter dans un cours d’eau ! Après plusieurs séances de travail, nous sommes revenus au bois de Vincennes et à peine l’avais-je lâché qu’il a foncé faire un plouf. Avant qu’il atteigne l’eau, je l’ai rappelé et il s’est arrêté net, s’est tourné, m’a regardé et m’a lancé un regard qui voulait dire « ok j’ai compris, pas cette fois » et ce fut une victoire personnelle de voir que le travail que j’avais fait avait payé !
Bien sûr, j’ai d’autres anecdotes et ce qui me fait toujours beaucoup rire est l’arrivée des nouveaux chiots sur mon lieu de travail. Dans l’heure qui suit, ils font le tour de l’open space et me rapporte tout ce qu’ils ont trouvé : souris, crayon, papier… Comme si c’était des cadeaux, c’est très attendrissant.