"Le Parisien - Vitry" (Article du Parisien) Par Fanny Delporte

Avant Isséo, il y a eu Chica, Hermès, Réa ou encore Elouan. Les gens qui aiment les animaux oublient rarement leurs prénoms. Surtout quand ils leur ont permis de mettre un pas devant l’autre sans crainte, pendant des années.
Début décembre, Antoine Moreno, un habitant du quartier Malassis, à Vitry, était à la mairie pour la cérémonie de parrainage de son dernier chien guide, Isséo, un berger blanc de deux ans.
Il lui a été remis par l’école des chiens guides de Paris, une structure qu’il a vu s’ouvrir en 1987 et dont il est aujourd’hui l’un des administrateurs. Ce samedi, elle ouvre ses portes à des familles prêtes à accueillir chez elles un futur chien guide pour le « sociabiliser », avant qu’il ne soit remis à des personnes déficientes visuelles.
Antoine a besoin d’Isséo, et des autres avant lui, après avoir commencé à perdre la vue à la fin des années 60, touché par une maladie génétique évolutive. « Ma mère m’a toujours dit que j’avais appris à marcher avec un chien, sourit-il. Avec le recul je me dis que certaines choses sont prédestinées ». D’après lui, il y a environ 1 550 chiens guides en exercice en France, plus de 5 000 en Angleterre. Pas assez, donc. « Ces écoles vivent sur des dons, explique-t-il. Elles doivent se battre pour qu’il y ait de plus en plus de chiens remis gratuitement ». Avec l’objectif de réduire les délais d’attente des personnes malvoyantes, aujourd’hui d’un an et demi à deux ans. « Mais il y a encore beaucoup de personnes qui ont peur des chiens d’instinct », déplore-t-il.
Chacun de ses « guides » aura pris une « place énorme » dans la vie de sa famille. À tel point qu’elle aura gardé l’un d’eux une fois « retraité ». « Au début, ne pas trouver une cuillère sur la table me déprimait pendant trois semaines », se souvient Antoine. Quelques décennies, et six chiens plus tard, il s’investit à Vitry à travers deux associations - Asparathlé, qui donne la possibilité aux handicapés et valides de se retrouver autour du sport, et Vigilance Handicap, il mène des opérations de sensibilisation dans des écoles en Ile-de-France. Ancien sportif de haut niveau, il court encore régulièrement. Persuadé que pas grand-chose n’aurait été possible sans ses chiens, qui l’auront fait « traverser tout Paris de jour comme de nuit ».