Isabelle Folmer est atteinte d’une rétinite pigmentaire congénitale diagnostiquée à ses 20 ans. Elle a grandi avec les deux chiens guides de sa mère aveugle. Après une scolarité normale et une licence de lettres, elle est employée dans une bibliothèque, mais une baisse significative de sa vision l’amène à suivre des cours de locomotion et à ouvrir son auto-entreprise de shiatsu. Elle voit alors encore suffisamment pour se déplacer à la canne blanche. Une nouvelle grosse chute de vision neuf ans plus tard, suivie d’une dépression grave, marque la fin de son autonomie : elle n’a plus le choix et envisage le chien guide comme une aide précieuse.
« J’aurais pu faire une demande beaucoup plus tôt, mais je me suis censurée moi-même. J’avais peur de ne pas pouvoir m’occuper d’un chien guide, le sortir, alors qu’il constitue au contraire une stimulation. Et je pensais qu’un chien guide n’était pas pour les malvoyants, surtout que je vis dans un appartement et sans jardin… En faisant ma demande, je n’imaginais pas tout ce qu’elle allait faire bouger ! »
Isabelle avait une vision fantasmée d’un chien guide magique. Les entretiens avec l’éducatrice, la psychologue, l’instructeur de locomotion provoquent un déclic douloureux mais salutaire. L’équipe lui fait comprendre qu’elle doit acquérir davantage d’autonomie et de confiance en elle. En effet, elle n’était plus sortie de chez elle depuis début 2020. « J’ai eu peur de ne pas recevoir de chien. Au lieu de cela, j’ai trouvé un accueil très chaleureux, avec beaucoup d’ouverture. »
Avec l’aide de l’instructeur de locomotion, elle réapprend à sortir, se promener puis faire des trajets dans Paris pour se rendre à son cabinet. Son entourage la soutient avec enthousiasme dans sa démarche. Sa demande est encore en cours d’étude.
« Malgré les pré-requis, l’équipe ne m’a pas lâchée et cela m’a beaucoup touchée. Je vis plutôt bien l’attente de la décision, qui me permet de progresser en locomotion et d’envisager une formation en informatique et d’autres projets professionnels. Un grand merci à l’Ecole car j’ai bénéficié d’une aide formidable avant même l’attribution d’un chien guide ! »
« J’avais accompagné ma mère pour les courses, la promenade… J’ai vu la relation qui s’était instaurée avec ses deux chiens, qui faisaient partie de la famille à part entière. A l’époque, je n’imaginais pas à quel point elle était importante. »
Extrait de la revue “Les yeux de son maître” n° 128 éditée par la FFAC
Février 2021