Olivier et Nyoko, golden retriever roux, au Palais Royal

Olivier et Nyoko

 

  • Pourriez-vous vous présenter, et nous parler de votre parcours ?

Je suis Olivier, j’ai 60 ans. Nyoko a six ans, c’est mon 2e chien guide. J’ai eu un premier chien qui s’appelait Falcon, et qui malheureusement est décédé d’un cancer des intestins à l’âge de 8 ans. C’était ma première expérience avec les chiens guides.

Mon handicap a commencé à l’âge de 35 ans. C’est une dégénérescence de la rétine, un processus qui se déroule assez lentement. Les cellules de la rétine meurent progressivement, l’information transmise au cerveau est donc incomplète. Le cerveau n’arrive plus à reconstituer une image. J’ai une vision très impressionniste, alors c’est super beau par moments, un vrai tableau ! Mais la difficulté, c’est que je vais confondre une ombre avec un trou par exemple. Je vais avoir du mal à évaluer une distance ou un objet, et ça créé des confusions qui peuvent me mettre en danger. Je deviens très sensible à la lumière, je perds les notions de relief, et la distinction de certaines couleurs.

Mon problème de vision devenant de plus en plus complexe, j’ai commencé à chercher des organismes spécialisés pour m’aider. J’ai visité l’École, rencontré Laurence, et je me suis dit « pourquoi pas » ! J’avais commencé à entendre des choses sur le bénéfice du chien, ne serait-ce que le fait de sourire. On sourit à des personnes qui ont un chien, pas à celles qui ont une canne… La canne, j’avais hésité à la sortir. Par deux fois j’ai chuté, et suite à la seconde chute, assez traumatisante, j’ai pris la décision de faire une demande de chien guide.

J’ai donc fait tout le parcours « initiatique », de la locomotion, des échanges pour que l’École me connaisse bien, appréhende au mieux mon mode de vie, ce que je fais, mon travail, mes déplacements… Il fallait faire le portrait le plus précis du futur maître pour trouver le chien le plus compatible possible.

 

  • Comment décririez-vous votre chien guide ?

Nyoko c’est un chien extraordinaire, il est tout terrain, il s’adapte à tous les environnements. Il est intrépide, c’est un chien qui aime bien rigoler. Il est surtout capable de faire la part des choses ; dans un environnement de travail, il est très discret. En réunion on ne remarque même pas qu’il y a un chien dans la salle ! C’est aussi un chien joyeux, qui aime s’amuser, courir, il est toujours partant pour tout. En contrepartie, il a besoin de se dépenser, donc heureusement que je suis à proximité d’espaces verts.

A la maison, il fait beaucoup de plaisanteries. Il nous prend une chaussure, ou une chaussette dans la machine à laver, il fait des petits gags comme ça. Il n’était pas très câlin au début, il gardait une certaine distance, et petit à petit il est venu à nous. Maintenant je pense qu’il a la capacité de détecter les charges émotionnelles. Quand je m’énerve, que je peste contre quelque chose qui ne fonctionne pas, il pose sa tête sur mes jambes pour me calmer. Et au contraire, quand il y a des effusions de joie, il veut y participer ! C’est un super compagnon, et avec lui je me sens rassuré.

 

  • Que vous apporte votre chien guide au quotidien ?

C’est un véritable facteur de “déstress” ! Il retire tout le stress lié à un déplacement. La concentration nécessaire lorsqu’on se déplace avec une canne n’est plus là. J’ai l’esprit plus libre, c’est beaucoup moins épuisant. Avec mon chien guide, tout est plus fluide. Je pourrais marcher avec Nyoko et avoir cette conversation avec vous en même temps.

Je lui transfère une partie des responsabilités : « je te confie la mission, c’est toi qui guide » ! C’est extrêmement rassurant, et c’est aussi sécurisant. On est avec le chien guide, on est accompagné. Ça permet aussi de créer un autre rapport avec les personnes que je croise. En plus, j’entends tous les jours que mon chien est particulièrement beau, ça créé du lien. C’est aussi un facteur pédagogique, j’entends parfois des parents dire à leur enfant « tu vois, ce chien a été éduqué pour guider le monsieur » tout en l’empêchant de le toucher.

Je me souviens de la période de la perte de mon premier chien guide, je suis resté à peu près un an sans chien, et j’ai dû ressortir ma canne pour ne pas tomber. Au début, je parlais à ma canne. J’avais tellement l’habitude, et les gens se demandaient ce que j’avais. J’avais cette sensation qu’il me manquait quelque chose. Mon chien, c’est comme une extension de moi-même, on forme une équipe, il fait presque partie de moi.

Quel que soit l’environnement dans lequel il se trouve, je trouve que le chien guide créé un climat complètement différent. Sur le plan professionnel par exemple, dans les réunions de travail, la présence de l’animal apaise les tensions et pacifie les débats. C’est un incroyable médiateur, rien que par sa présence.

 

  • Souhaitez-vous nous partager une anecdote ou un souvenir avec vos chiens ?

Nyoko, c’est un golden plus que retriever. Il nous rapporte plein de trucs ! Vous pouvez avoir parfaitement rangé un espace, il vous trouvera ce que vous avez oublié sous un meuble. C’est un chien qui a de l’humour, et j’adore ça. Au cinéma, il adore récupérer les popcorn oubliés sous les sièges ! Je pense que c’est pour ça qu’il est toujours partant pour aller voir un film.

Avec Nyoko on fait plein de trucs, on est notamment dans un club de randonnée. Avec les autres randonneurs, on a mis en place une sorte de protocole : le chien va suivre quelqu’un qu’il a identifié, et on va faire 17 km dans la forêt. On arrive à vivre des expériences assez extraordinaires.

 

Olivier et Nyoko dans le Palais Royal

Juin 2024

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